Messieurs les
parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les
élu(e)s,
Mesdames, Messieurs,
C’est toujours un
plaisir pour moi de vous retrouver pour vous présenter mes vœux.
C’est un rendez-vous
qui nous permet de réunir tous ceux qui représentent de multiples
façons la Nièvre et agissent pour elle.
C’est aussi un moment
qui nous amène à partager le souvenir de ceux qui nous ont quittés
durant ces derniers mois, et qui ont contribué, eux aussi, à écrire
notre histoire collective.
Mais la vie continue
d’avancer, et ce rendez-vous est aujourd’hui pour moi très
particulier.
Il y a dix ans, je vous
présentais mes premiers vœux à Saincaize.
Mon choix s’était
porté sur ce lieu caractérisé par son nœud ferroviaire, délaissé
en partie alors même qu’il constitue une infrastructure porteuse
d’avenir.
Depuis, j’ai eu
l’occasion de vous inviter dans d’autres villes pour évoquer mon
travail à l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, au terme
du mandat que vous m’avez confié, nous nous retrouvons à Nevers.
C’est d’ici qu’est
née la mobilisation pour que la LGV passe par la Nièvre.
Ce choix n’est donc
nullement anodin.
Il signifie que
l’empreinte des infrastructures façonne le développement d’un
territoire, et qu’il est impératif de se mobiliser pour défendre
leur existence, comme à Saincaize, ou porter de nouveaux projets
comme à Nevers.
D’ailleurs, convaincue
que le désenclavement constitue une formidable ouverture sur notre
environnement, j’ai œuvré, tout au long de ces années, pour que
ces chantiers, comme celui de la RN7 à deux fois deux voies,
puissent se concrétiser.
J’ai traversé aussi,
durant ce temps, diverses batailles électorales, qu’elles soient
nationales, locales et même internes à ma propre famille politique.
Je dois même vous avouer
que les combats les plus rudes se sont souvent déroulés au sein de
cet espace.
Mais que serait le charme
d’une famille nombreuse sans repas fortement animés ?
Quoiqu’il en soit, si
nous nous sommes parfois opposés, nous nous sommes toujours –in
fine- rassemblés autour de valeurs communes.
Ce cheminement m’a
appris que l’action politique que l’on mène était toujours
comprise lorsque l’on ne dévie jamais de ses valeurs et de ses
propos.
Cette approche m’a
conduit à adopter une méthode de travail à partir d’une
stratégie simple : la course de fond qui consiste à ne jamais
lâcher une cause sur laquelle nous sommes mobilisés sans
nécessairement la porter à la lumière car celle-ci n’est pas
toujours bonne conseillère.
Dans la rudesse des
combats, ma fermeté s’en est trouvée affirmée.
Ce trait est nécessaire
pour conserver la flamme de la révolte qui est en moi quand je vois
que l’on s’évertue, au plus haut sommet de l’État, à défaire
ce qui reste de notre modèle social.
Aussi, au terme de ces
dix années de rencontres, permettez-moi ce soir d’élargir mon
propos au-delà des quelques mois que nous revisitons habituellement
à l’occasion de ces vœux.
L’année qui vient de
s’achever et celles qui l’ont précédée sont en effet bien
particulières.
La première décennie du
XXIe siècle s’est terminée par une crise qui fragilise notre
économie, rompt les équilibres sociaux et menace notre
développement.
L’année 2012 n’échappe
pas à la règle et s’ouvre dans un climat exceptionnel de
pessimisme.
Il est facile d’en
comprendre les raisons.....
Elles tiennent à un
sentiment de déclassement individuel mais aussi national : une
crainte à l’égard du sort des générations nouvelles, une
impression que la course vers le progrès et l’émancipation se
serait arrêtée.
A ces appréhensions s’ajoutent des doutes à l’égard de l’action publique, que ce soit à l’échelle internationale, où la régulation des marchés est restée lettre morte, que ce soit sur le continent européen, qui peine à défendre sa monnaie, où que ce soit ici en France, avec un État miné par la crise de ses finances publiques.
Pour autant, la vitalité de notre démographie, la performance de nos entreprises, la qualité de nos savoirs faire, la productivité de nos salariés, la multiplication des initiatives de toutes sortes et même la diversité de notre population, de nos territoires sont des atouts majeurs.
Ce ne sont pas des
talents, de l’inventivité, du courage et même de l’argent qui
nous manquent.
C’est bien un projet
d’ensemble, une vision, une ambition collective, un rassemblement
autour d’un destin commun qui nous fait défaut.
Nous voulons savoir tout
simplement où nous allons et ce que nous voulons faire ensemble.
Pas dans l’année. Mais
dans la décennie qui vient.
La France est une belle Nation, attaquée, martelée, burinée par l’Histoire mais dont les valeurs, celles de la République n’ont pas pris une ride.
Son malaise ne tient donc
pas à l’épuisement de son message mais à sa capacité à le
porter.
Comment en sommes-nous
arrivé là ?
Ce tournant, je le
situerais en 2002.
Nous sortions alors d’une
période apaisée où les comptes sociaux étaient de nouveau à
l’équilibre, l’endettement de la France réduit, le chômage en
forte diminution et où des perspectives nouvelles étaient données
à la jeunesse.
Dans le jeu politique des
présidentielles de 2002, l’opposition d’alors –la droite- à
brandit l’étendard de la sécurité.
C’était un jeu
dangereux car il portait en lui l’idée qu’il fallait d’abord
se protéger de l’autre avant d’avoir le sens du collectif.
La droite a gagné et
notre société a basculé.
Mais était-ce simplement
un accident politique?
Avec le recul, cette
explication me paraît trop simple.
Je crois plutôt que
c’est le résultat d’une révolution conservatrice démarrée
depuis quelques décennies et qui a fait patiemment son œuvre.
Ce lent mouvement s’est
caractérisé par plusieurs phénomènes : le règne de la
finance dérégulée; les privatisations généralisées,
l’accroissement des inégalités, la stagnation de la mobilité
sociale, l’admiration béate pour le marché et le mépris du
secteur public.
Dans ce modèle,
l’individualisme est devenu la valeur suprême où l’on nous
incite à agir en fonction de nos émotions, et non plus de nos
convictions.
Pour conforter cet élan,
nos gouvernants usent alors de discours dont le seul but est de
rassembler contre l’autre : on a voulu nous rassembler contre
les fraudeurs (pas les plus gros !), les Roms, les sans-papiers,
les jeunes et maintenant les allocataires du RSA ou encore les
étudiants étrangers.
Tout cela est
préoccupant, car cela n’amène aucun apaisement.
La France est aujourd’hui
fatiguée, c’est une réalité. Mais n’était-ce pas la
présidence de la République qui nous épuise ?
Ce quinquennat, c’est
le « coup de média »
permanent.
Après 5 ans d’annonces
et de discours assénés avec un aplomb magistral, bardé de
certitudes absolues et pétri de recettes simplistes ; de
réformes au final plus ou moins bâclées ; la méthode
présidentielle est chaotique.
Les résultats ne sont
pas au rendez-vous.
« Il faut que les
Français en aient pour leur argent ! » déclarait en 2007
le candidat Sarkozy.
Question argent, nous
n’avons pas été déçus :
En 5 ans, nous avons subi
la hausse de la fiscalité locale pour compenser la suppression de la
taxe professionnelle, nous avons vu la création de 30 nouvelles
taxes, la baisse des pensions de retraite, le déremboursements des
soins, la hausse des mutuelles, l’augmentation effrénée des coûts
de l’énergie.
Et voilà que l’on nous
annonce une augmentation importante de la TVA comme si nous n’avions
pas encore assez payé !
« les nuits sont
enceintes, et nul ne connaît le jour qui naîtra ».
Ce beau proverbe turc
nous rappelle que l’avenir ne se concrétise pas nécessairement
comme nous pouvons l’imaginer.
En 2007, l’espoir était
grand à l’écoute des promesses du candidat Sarkozy.
En 2012, la déception
est énorme tant les tromperies et les renoncements ont marqué ce
mandat.
Dans ces conditions, le
pays a perdu naturellement confiance.
Il a perdu confiance car
la boussole de l’Etat s’affole.
Ce n’est plus l’Etat
Providence qui est en œuvre, mais un Etat en déliquescence où
seuls les plus armés peuvent s’en sortir,
. Ce n’est plus l’Etat
accompagnateur, mais un Etat destructeur qui pille les services
publics,
. ce n’est plus l’Etat
investisseur, mais un Etat en apesanteur qui dit agir mais qui laisse
en réalité des territoires entiers à l’abandon,
. ce n’est plus un Etat
réfléchi, mais un Etat qui a choisi de répondre à l’émotion de
l’instant plutôt que de travailler en profondeur avec la
Représentation nationale qui compose le Parlement ;
. enfin, ce n’est plus
un Etat irréprochable mais un Etat irresponsable où la défiance
sur sa probité s’installe.
Comment ne pas oublier la
situation d’un certain ministre du travail qui ne savait plus s’il
devait parler de la réforme des retraites dont il avait la charge ou
des suspicions judiciaire dont il est toujours chargé.
Enfin, que penser de
l’affaire Karachi où des français sont morts pour ce qui paraît
être une sombre histoire de financement de campagne électorale ?
Ce n’est pas en
suspectant en permanence notre justice que le Gouvernement pourra
nous faire oublier ces faits.
L’affaiblissement de
l’Etat, l’abaissement du Parlement, les affaires ne sont jamais
bons pour la démocratie et la République.
Tout cela nous oblige à
élever le niveau.
Il ne s’agit plus
seulement de dénoncer, il faut ouvrir un autre chemin, offrir un
espoir au pays, bref lui redonner de la confiance et de la fierté.
Pour ce faire, nous avons
donc un impératif : repenser la cohésion sociale, reconstruire
le vivre-ensemble, refaire société tout simplement.
Le premier chantier, et
je l’évoquais déjà l’an dernier, est de réhabiliter la
légitimité de l’impôt et de sa progressivité.
Il faut mettre un terme,
et vite, à l’économie du ruissellement, ce fameux concept des
idéologues conservateurs qui pousse le cynisme jusqu'à soutenir
qu’en déversant des cadeaux fiscaux sur les plus riches, la
richesse finirait par ruisseler jusqu’au bas de l’échelle des
revenus.
Les expériences
dévastatrices conduites par Ronald Reagan, Margaret Thatcher et
Nicolas Sarkozy démontrent l’inconsistance de ce concept.
Il devient urgent de
réintroduire la justice dans notre système fiscal.
Ce sera le seul moyen
pour que nous acceptions collectivement les efforts qui nous serons
demandés.
Refaire société, c’est
aussi comprendre les peurs qui agitent notre société : peur du
déclassement, du multiculturalisme, du religieux, mais aussi peur du
changement climatique, de l’épidémie, de la technologie.
Il s’agit non pas de
les attiser mais d’agir pour les atténuer.
Et si des peurs se
manifestent, des désirs se font aussi entendre : désir de
justice, de reconnaissance, de représentation, de protection,
d’engagement et de culture.
Ces désirs démontrent
que l’envie de faire société reste particulièrement vivante.
Nous ne referons société
qu’à partir d’une réflexion commune pour rassembler ce qui est
épars.
L’occasion de ce débat
va se présenter en 2012.
Au regard des enjeux, je
suis persuadée que chacun d’entre vous s’y intéressera et s’y
investira avec force et conviction.
Si vous le jugez
nécessaire, l’occasion nous sera donnée d’écarter les modèles
d’hier et d’aujourd’hui pour inventer la société à venir.
Ce moment est donc de
première importance car en repensant l’Etat, il sera possible de
retisser un lien de confiance et de redonner un sens aux décisions
qui engagent notre avenir commun.
Voilà pourquoi le
premier enjeu est celui de la confiance.
Confiance en nous, en nos
forces économiques, sociales, culturelles et en notre jeunesse.
Et ce qui est vrai pour notre pays est vrai pour la Nièvre.
La Nièvre est un
département exceptionnel mais n’est pas un département à part.
Elle éprouve les difficultés communes aux autres départements.
Mais notre qualité de vie y est reconnue par son environnement, son haut niveau des outils de formation, sa qualité de la création culturelle et son rayonnement sportif.
Notre tissu de PME est
dynamique, et il recèle en lui des secteurs reconnus
internationalement à l’instar de ce qu’il se passe dans
l’automobile, le vélo et le bois.
Notre désenclavement se
poursuit, et les projets de la Voie Ferrée Centre Europe Atlantique
et de la LGV ouvrent de nouvelles perspectives.
Je sais que vous tous, où que vous soyez, prenez part dans cette marche en avant.
Derrière chaque succès,
il y a un effort ;
Derrière chaque effort,
il y a une passion ;
Derrière chaque passion,
il y a une personne qui a le courage d’essayer.
Ces propos rapportés
dernièrement par un jeune étudiant de l’ISAT nous rappellent
qu’il faut toujours prendre le risque d’aller plus loin,
d’avancer, de ne jamais abandonner.
Nous devons continuer dans cette direction car on ne construit pas seulement pour soi mais aussi pour les autres.
C’est en quelque sorte
une obligation morale que nous avons à respecter, notamment à
l’égard des générations à venir, mais aussi à l’égard de
ceux qui nous on précédé.
A ce titre, notre
département a fourni bien des talents à la République.
Mes pensées vont
naturellement à François Mitterrand, mais aussi à sa femme
Danielle qui, au sein d’organisations non gouvernementales, a su
porter à travers le monde les valeurs de notre République.
Mes pensées vont aussi à
Pierre Bérégovoy. Il a su donner un cap pour la Nièvre, pour la
Nation.
Si notre département a
pu rayonner hier aux plus hautes fonctions de l’Etat, il est
aujourd’hui armé pour éclairer la Nation.
Que ce soit le concept de
bouclier rural proposé à l’Assemblée nationale, le développement
des véhicules de demain à Magny-Cours, la mise en valeur au travers
des mots d’un patrimoine inestimable à la Charité-sur-Loire,
toutes ces initiatives sont en capacité de porter nos couleurs et
de poser les bases de politiques nationales innovantes.
Bien d’autres
initiatives sont portées, ici où là, dans ce Val de Loire.
Ces expériences sont le
fruit d’un engagement déterminé de femmes et d’hommes que j’ai
souvent eu l’occasion de rencontrer, voire d’aider et
d’accompagner.
J’aurai souhaité
rendre un hommage tout particulier à l’ensemble de ces acteurs car
sans eux, sans vous, la Nièvre ne serait pas ce quelle est.
Mais le format de cette
soirée ne me permet pas d’agir ainsi.
J’ai donc été amenée
à faire un choix !
Et comme l’année qui
démarre est une année électorale, j’ai choisi de mettre à
l’honneur ceux qui sollicitent, tous les 6 ans, la confiance des
électeurs.
Il y a d’abord les
sénateurs, Didier Boulaud et Gaëtan Gorce. Brillamment élus, ils
ont pleinement contribué à la victoire historique de la gauche au
Sénat.
Il y a ensuite les
conseillers régionaux et généraux dont l’action est
indispensable pour le développement de nos territoires
Il y a enfin les maires
qui affrontent –eux aussi- le suffrage universel.
Ils connaissent la
rudesse de cette épreuve.
Autour de moi, il y a, en
premier lieu, notre hôte, Florent Sainte-Fare-Garnot, le plus jeune
maire de la circonscription.
En dirigeant le chef-lieu
de département, sa responsabilité est grande. Mais ses talents lui
permettent d’affronter les difficultés et de positionner Nevers
sur la voie du développement.
Il y aussi, sur cette
même scène, tous ces maires, des hommes et … quelques femmes, à
qui je veux rendre un hommage particulier.
Je
le dis souvent, être maire est une mission délicate.
Il
doit être présent et s’investir pleinement dans les promesses et
les convictions pour lesquels il a été élu.
Cela
demande beaucoup d’abnégation et de disponibilité, mais cela ne
peut se faire sans avoir la conviction profonde que le service rendu
servira au plus grand nombre.
Aujourd’hui,
cette charge est rendue encore plus délicate.
Alors que la réforme de
la fiscalité des collectivités, contre laquelle je me suis opposée,
transfère une part de l’impôt des entreprises sur les ménages,
les élus doivent garantir les missions de service public tout en
n’augmentant pas les impôts.
L’exercice est
redoutable car ce sont les maires qui agissent dans les communes pour
la solidarité, l’éducation, l’environnement, l’enfance, les
personnes âgées.
Ce sont les collectivités
locales qui réalisent des équipements, des infrastructures utiles
et durables pour soutenir l’activité et l’emploi.
Malgré ces difficultés,
je sais que de multiples projets sont en préparation sur tout le
territoire.
Cette énergie porte un
message fort en cette période de doutes: il est toujours possible
d’aller plus loin.
Il est toujours possible
de choisir l’optimisme contre le laisser-faire.
Il est toujours possible
d’agir et de préparer une nouvelle étape en faisant des choix
ambitieux qui feront ce que la Nièvre sera dans vingt ans.
C’est ce message que
portent en eux ces maires et que je souhaite vous faire partager.
La Nièvre est une belle
histoire que nous allons continuer à écrire ensemble.
Je forme le vœu que 2012
soit une année concentrée sur l’idée que la Nièvre de demain
doit se dessiner dès maintenant, dans une société qui, si vous le
décidez, pourra être enfin différente.
Quant à moi, soyez
assuré que je continuerai mon combat en ayant toujours à l’esprit
les mots de Pierre Bérégovoy :
« Avant d’être
un parti, le socialisme est une exigence. Exigence de justice,
exigence de fraternité, exigence de transformation».
Très bonne année à
tous.
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