lundi 16 janvier 2012


Martine Carrillon-Couvreur
La présentation de ses voeux en intégralité ! 

Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élu(e)s,
Mesdames, Messieurs,

C’est toujours un plaisir pour moi de vous retrouver pour vous présenter mes vœux.
C’est un rendez-vous qui nous permet de réunir tous ceux qui représentent de multiples façons la Nièvre et agissent pour elle.
C’est aussi un moment qui nous amène à partager le souvenir de ceux qui nous ont quittés durant ces derniers mois, et qui ont contribué, eux aussi, à écrire notre histoire collective.
Mais la vie continue d’avancer, et ce rendez-vous est aujourd’hui pour moi très particulier.
Il y a dix ans, je vous présentais mes premiers vœux à Saincaize.
Mon choix s’était porté sur ce lieu caractérisé par son nœud ferroviaire, délaissé en partie alors même qu’il constitue une infrastructure porteuse d’avenir.
Depuis, j’ai eu l’occasion de vous inviter dans d’autres villes pour évoquer mon travail à l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, au terme du mandat que vous m’avez confié, nous nous retrouvons à Nevers.
C’est d’ici qu’est née la mobilisation pour que la LGV passe par la Nièvre.
Ce choix n’est donc nullement anodin.
Il signifie que l’empreinte des infrastructures façonne le développement d’un territoire, et qu’il est impératif de se mobiliser pour défendre leur existence, comme à Saincaize, ou porter de nouveaux projets comme à Nevers.
D’ailleurs, convaincue que le désenclavement constitue une formidable ouverture sur notre environnement, j’ai œuvré, tout au long de ces années, pour que ces chantiers, comme celui de la RN7 à deux fois deux voies, puissent se concrétiser.
J’ai traversé aussi, durant ce temps, diverses batailles électorales, qu’elles soient nationales, locales et même internes à ma propre famille politique.
Je dois même vous avouer que les combats les plus rudes se sont souvent déroulés au sein de cet espace.
Mais que serait le charme d’une famille nombreuse sans repas fortement animés ?
Quoiqu’il en soit, si nous nous sommes parfois opposés, nous nous sommes toujours –in fine- rassemblés autour de valeurs communes.
Ce cheminement m’a appris que l’action politique que l’on mène était toujours comprise lorsque l’on ne dévie jamais de ses valeurs et de ses propos.
Cette approche m’a conduit à adopter une méthode de travail à partir d’une stratégie simple : la course de fond qui consiste à ne jamais lâcher une cause sur laquelle nous sommes mobilisés sans nécessairement la porter à la lumière car celle-ci n’est pas toujours bonne conseillère.
Dans la rudesse des combats, ma fermeté s’en est trouvée affirmée.
Ce trait est nécessaire pour conserver la flamme de la révolte qui est en moi quand je vois que l’on s’évertue, au plus haut sommet de l’État, à défaire ce qui reste de notre modèle social.
Aussi, au terme de ces dix années de rencontres, permettez-moi ce soir d’élargir mon propos au-delà des quelques mois que nous revisitons habituellement à l’occasion de ces vœux.
L’année qui vient de s’achever et celles qui l’ont précédée sont en effet bien particulières.
La première décennie du XXIe siècle s’est terminée par une crise qui fragilise notre économie, rompt les équilibres sociaux et menace notre développement.
L’année 2012 n’échappe pas à la règle et s’ouvre dans un climat exceptionnel de pessimisme.
Il est facile d’en comprendre les raisons.....

Elles tiennent à un sentiment de déclassement individuel mais aussi national : une crainte à l’égard du sort des générations nouvelles, une impression que la course vers le progrès et l’émancipation se serait arrêtée.

A ces appréhensions s’ajoutent des doutes à l’égard de l’action publique, que ce soit à l’échelle internationale, où la régulation des marchés est restée lettre morte, que ce soit sur le continent européen, qui peine à défendre sa monnaie, où que ce soit ici en France, avec un État miné par la crise de ses finances publiques.

Pour autant, la vitalité de notre démographie, la performance de nos entreprises, la qualité de nos savoirs faire, la productivité de nos salariés, la multiplication des initiatives de toutes sortes et même la diversité de notre population, de nos territoires sont des atouts majeurs.
Ce ne sont pas des talents, de l’inventivité, du courage et même de l’argent qui nous manquent.

C’est bien un projet d’ensemble, une vision, une ambition collective, un rassemblement autour d’un destin commun qui nous fait défaut.

Nous voulons savoir tout simplement où nous allons et ce que nous voulons faire ensemble.

Pas dans l’année. Mais dans la décennie qui vient.

La France est une belle Nation, attaquée, martelée, burinée par l’Histoire mais dont les valeurs, celles de la République n’ont pas pris une ride.

Son malaise ne tient donc pas à l’épuisement de son message mais à sa capacité à le porter.

Comment en sommes-nous arrivé là ?


Ce tournant, je le situerais en 2002.

Nous sortions alors d’une période apaisée où les comptes sociaux étaient de nouveau à l’équilibre, l’endettement de la France réduit, le chômage en forte diminution et où des perspectives nouvelles étaient données à la jeunesse.

Dans le jeu politique des présidentielles de 2002, l’opposition d’alors –la droite- à brandit l’étendard de la sécurité.

C’était un jeu dangereux car il portait en lui l’idée qu’il fallait d’abord se protéger de l’autre avant d’avoir le sens du collectif.

La droite a gagné et notre société a basculé.


Mais était-ce simplement un accident politique?

Avec le recul, cette explication me paraît trop simple.

Je crois plutôt que c’est le résultat d’une révolution conservatrice démarrée depuis quelques décennies et qui a fait patiemment son œuvre.



Ce lent mouvement s’est caractérisé par plusieurs phénomènes : le règne de la finance dérégulée; les privatisations généralisées, l’accroissement des inégalités, la stagnation de la mobilité sociale, l’admiration béate pour le marché et le mépris du secteur public.

Dans ce modèle, l’individualisme est devenu la valeur suprême où l’on nous incite à agir en fonction de nos émotions, et non plus de nos convictions.

Pour conforter cet élan, nos gouvernants usent alors de discours dont le seul but est de rassembler contre l’autre : on a voulu nous rassembler contre les fraudeurs (pas les plus gros !), les Roms, les sans-papiers, les jeunes et maintenant les allocataires du RSA ou encore les étudiants étrangers.

Tout cela est préoccupant, car cela n’amène aucun apaisement.

La France est aujourd’hui fatiguée, c’est une réalité. Mais n’était-ce pas la présidence de la République qui nous épuise ?


Ce quinquennat, c’est le « coup de média » permanent.

Après 5 ans d’annonces et de discours assénés avec un aplomb magistral, bardé de certitudes absolues et pétri de recettes simplistes ; de réformes au final plus ou moins bâclées ; la méthode présidentielle est chaotique.
Les résultats ne sont pas au rendez-vous.

« Il faut que les Français en aient pour leur argent ! » déclarait en 2007 le candidat Sarkozy.

Question argent, nous n’avons pas été déçus :

En 5 ans, nous avons subi la hausse de la fiscalité locale pour compenser la suppression de la taxe professionnelle, nous avons vu la création de 30 nouvelles taxes, la baisse des pensions de retraite, le déremboursements des soins, la hausse des mutuelles, l’augmentation effrénée des coûts de l’énergie.

Et voilà que l’on nous annonce une augmentation importante de la TVA comme si nous n’avions pas encore assez payé !

« les nuits sont enceintes, et nul ne connaît le jour qui naîtra ».
Ce beau proverbe turc nous rappelle que l’avenir ne se concrétise pas nécessairement comme nous pouvons l’imaginer.
En 2007, l’espoir était grand à l’écoute des promesses du candidat Sarkozy.
En 2012, la déception est énorme tant les tromperies et les renoncements ont marqué ce mandat.
Dans ces conditions, le pays a perdu naturellement confiance.

Il a perdu confiance car la boussole de l’Etat s’affole.


Ce n’est plus l’Etat Providence qui est en œuvre, mais un Etat en déliquescence où seuls les plus armés peuvent s’en sortir,

. Ce n’est plus l’Etat accompagnateur, mais un Etat destructeur qui pille les services publics,

. ce n’est plus l’Etat investisseur, mais un Etat en apesanteur qui dit agir mais qui laisse en réalité des territoires entiers à l’abandon,


. ce n’est plus un Etat réfléchi, mais un Etat qui a choisi de répondre à l’émotion de l’instant plutôt que de travailler en profondeur avec la Représentation nationale qui compose le Parlement ;

. enfin, ce n’est plus un Etat irréprochable mais un Etat irresponsable où la défiance sur sa probité s’installe.

Comment ne pas oublier la situation d’un certain ministre du travail qui ne savait plus s’il devait parler de la réforme des retraites dont il avait la charge ou des suspicions judiciaire dont il est toujours chargé.
Enfin, que penser de l’affaire Karachi où des français sont morts pour ce qui paraît être une sombre histoire de financement de campagne électorale ?

Ce n’est pas en suspectant en permanence notre justice que le Gouvernement pourra nous faire oublier ces faits.

L’affaiblissement de l’Etat, l’abaissement du Parlement, les affaires ne sont jamais bons pour la démocratie et la République.

Tout cela nous oblige à élever le niveau.
Il ne s’agit plus seulement de dénoncer, il faut ouvrir un autre chemin, offrir un espoir au pays, bref lui redonner de la confiance et de la fierté.

Pour ce faire, nous avons donc un impératif : repenser la cohésion sociale, reconstruire le vivre-ensemble, refaire société tout simplement.

Le premier chantier, et je l’évoquais déjà l’an dernier, est de réhabiliter la légitimité de l’impôt et de sa progressivité.

Il faut mettre un terme, et vite, à l’économie du ruissellement, ce fameux concept des idéologues conservateurs qui pousse le cynisme jusqu'à soutenir qu’en déversant des cadeaux fiscaux sur les plus riches, la richesse finirait par ruisseler jusqu’au bas de l’échelle des revenus.

Les expériences dévastatrices conduites par Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Nicolas Sarkozy démontrent l’inconsistance de ce concept.

Il devient urgent de réintroduire la justice dans notre système fiscal.

Ce sera le seul moyen pour que nous acceptions collectivement les efforts qui nous serons demandés.

Refaire société, c’est aussi comprendre les peurs qui agitent notre société : peur du déclassement, du multiculturalisme, du religieux, mais aussi peur du changement climatique, de l’épidémie, de la technologie.

Il s’agit non pas de les attiser mais d’agir pour les atténuer.
Et si des peurs se manifestent, des désirs se font aussi entendre : désir de justice, de reconnaissance, de représentation, de protection, d’engagement et de culture.

Ces désirs démontrent que l’envie de faire société reste particulièrement vivante.

Nous ne referons société qu’à partir d’une réflexion commune pour rassembler ce qui est épars.

L’occasion de ce débat va se présenter en 2012.

Au regard des enjeux, je suis persuadée que chacun d’entre vous s’y intéressera et s’y investira avec force et conviction.

Si vous le jugez nécessaire, l’occasion nous sera donnée d’écarter les modèles d’hier et d’aujourd’hui pour inventer la société à venir.

Ce moment est donc de première importance car en repensant l’Etat, il sera possible de retisser un lien de confiance et de redonner un sens aux décisions qui engagent notre avenir commun.

Voilà pourquoi le premier enjeu est celui de la confiance.
Confiance en nous, en nos forces économiques, sociales, culturelles et en notre jeunesse.


Et ce qui est vrai pour notre pays est vrai pour la Nièvre.

La Nièvre est un département exceptionnel mais n’est pas un département à part.

Elle éprouve les difficultés communes aux autres départements.

Mais notre qualité de vie y est reconnue par son environnement, son haut niveau des outils de formation, sa qualité de la création culturelle et son rayonnement sportif.

Notre tissu de PME est dynamique, et il recèle en lui des secteurs reconnus internationalement à l’instar de ce qu’il se passe dans l’automobile, le vélo et le bois.

Notre désenclavement se poursuit, et les projets de la Voie Ferrée Centre Europe Atlantique et de la LGV ouvrent de nouvelles perspectives.

Je sais que vous tous, où que vous soyez, prenez part dans cette marche en avant.

Derrière chaque succès, il y a un effort ;
Derrière chaque effort, il y a une passion ;
Derrière chaque passion, il y a une personne qui a le courage d’essayer.

Ces propos rapportés dernièrement par un jeune étudiant de l’ISAT nous rappellent qu’il faut toujours prendre le risque d’aller plus loin, d’avancer, de ne jamais abandonner.
 
Nous devons continuer dans cette direction car on ne construit pas seulement pour soi mais aussi pour les autres.
C’est en quelque sorte une obligation morale que nous avons à respecter, notamment à l’égard des générations à venir, mais aussi à l’égard de ceux qui nous on précédé.
A ce titre, notre département a fourni bien des talents à la République.

Mes pensées vont naturellement à François Mitterrand, mais aussi à sa femme Danielle qui, au sein d’organisations non gouvernementales, a su porter à travers le monde les valeurs de notre République.

Mes pensées vont aussi à Pierre Bérégovoy. Il a su donner un cap pour la Nièvre, pour la Nation.

Si notre département a pu rayonner hier aux plus hautes fonctions de l’Etat, il est aujourd’hui armé pour éclairer la Nation.

Que ce soit le concept de bouclier rural proposé à l’Assemblée nationale, le développement des véhicules de demain à Magny-Cours, la mise en valeur au travers des mots d’un patrimoine inestimable à la Charité-sur-Loire, toutes ces initiatives sont en capacité de porter nos couleurs et de poser les bases de politiques nationales innovantes.

Bien d’autres initiatives sont portées, ici où là, dans ce Val de Loire.

Ces expériences sont le fruit d’un engagement déterminé de femmes et d’hommes que j’ai souvent eu l’occasion de rencontrer, voire d’aider et d’accompagner.

J’aurai souhaité rendre un hommage tout particulier à l’ensemble de ces acteurs car sans eux, sans vous, la Nièvre ne serait pas ce quelle est.

Mais le format de cette soirée ne me permet pas d’agir ainsi.

J’ai donc été amenée à faire un choix !
Et comme l’année qui démarre est une année électorale, j’ai choisi de mettre à l’honneur ceux qui sollicitent, tous les 6 ans, la confiance des électeurs.

Il y a d’abord les sénateurs, Didier Boulaud et Gaëtan Gorce. Brillamment élus, ils ont pleinement contribué à la victoire historique de la gauche au Sénat.

Il y a ensuite les conseillers régionaux et généraux dont l’action est indispensable pour le développement de nos territoires

Il y a enfin les maires qui affrontent –eux aussi- le suffrage universel.

Ils connaissent la rudesse de cette épreuve.

Autour de moi, il y a, en premier lieu, notre hôte, Florent Sainte-Fare-Garnot, le plus jeune maire de la circonscription.

En dirigeant le chef-lieu de département, sa responsabilité est grande. Mais ses talents lui permettent d’affronter les difficultés et de positionner Nevers sur la voie du développement.

Il y aussi, sur cette même scène, tous ces maires, des hommes et … quelques femmes, à qui je veux rendre un hommage particulier.
Je le dis souvent, être maire est une mission délicate.
Il doit être présent et s’investir pleinement dans les promesses et les convictions pour lesquels il a été élu.
Cela demande beaucoup d’abnégation et de disponibilité, mais cela ne peut se faire sans avoir la conviction profonde que le service rendu servira au plus grand nombre.
Aujourd’hui, cette charge est rendue encore plus délicate.
Alors que la réforme de la fiscalité des collectivités, contre laquelle je me suis opposée, transfère une part de l’impôt des entreprises sur les ménages, les élus doivent garantir les missions de service public tout en n’augmentant pas les impôts.
L’exercice est redoutable car ce sont les maires qui agissent dans les communes pour la solidarité, l’éducation, l’environnement, l’enfance, les personnes âgées.
Ce sont les collectivités locales qui réalisent des équipements, des infrastructures utiles et durables pour soutenir l’activité et l’emploi.
Malgré ces difficultés, je sais que de multiples projets sont en préparation sur tout le territoire.
Cette énergie porte un message fort en cette période de doutes: il est toujours possible d’aller plus loin.
Il est toujours possible de choisir l’optimisme contre le laisser-faire.
Il est toujours possible d’agir et de préparer une nouvelle étape en faisant des choix ambitieux qui feront ce que la Nièvre sera dans vingt ans.
C’est ce message que portent en eux ces maires et que je souhaite vous faire partager.
La Nièvre est une belle histoire que nous allons continuer à écrire ensemble.
Je forme le vœu que 2012 soit une année concentrée sur l’idée que la Nièvre de demain doit se dessiner dès maintenant, dans une société qui, si vous le décidez, pourra être enfin différente.
Quant à moi, soyez assuré que je continuerai mon combat en ayant toujours à l’esprit les mots de Pierre Bérégovoy :
« Avant d’être un parti, le socialisme est une exigence. Exigence de justice, exigence de fraternité, exigence de transformation».

Très bonne année à tous.

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